30 novembre 2013

Goudrons : 10mg.

Je sans dissonance qui ne tient plus ses promesses. Le je est perdu est ce moment, sans pour autant s'y retrouver. Le je est loin d'en valoir lâchant d'elle.
Je n'a pas arrêté la cigarette. Je n'en est pas fière. Mais je n'y peut rien. Je est submergée de travail, n'oublions pas que le jeu la tue. Je a de nouveau peur de l'avenir, comme d'habitude dans un château de cartes où les fondations menacent d'être découvertes et la risée de tous ; je a peur du retour de lui, le retour de cet homme dont le changement lui échappe encore ; je a peur du changement, l'année prochaine il lui faudra s'installer seule, payer un loyer, prendre en charge le quotidien, travailler plus pour gagner juste assez afin de vivre dans ce Paris engloutissant. Avant cela, je sais qu'il faut trouver un appartement qui ne soit pas un trou à rat, une cage, un gouffre minuscule. Je aimerait une colocation, mais avec qui pourrait-elle vivre? 
Je sait que ce sera beau, de prendre son indépendance totalement, de vivre. Seule, avec elle, libre de mouvements. 

Je ne va pas très bien. 
Ne nous le cachons pas.
Je n'est pas une autre,
c'est moi. 

26 novembre 2013

Dégage, ducon.

Souviens-toi de ce soir ma grande. De ce mépris qu'il exprime à travers ses mots.

Je te crache dans les yeux, je sens la rancune et la haine visqueuse me conquérir. Je te lacère le visage, t'arrache les cheveux, je te méprise à mon tour, je t'emmerde. Si tu veux jouer au moralisateur ou faire semblant d'être un adulte alors maintenant, ce sera autant que tu voudras. Mais je ne t'écoute plus. Je ne supporte pas ça avec les autres et désormais tu n'échappes plus à cette règle.

22 novembre 2013

J-3 : C'est érotique? Non c'est le quotidien.

Il est seul à m'avoir de cette façon. A pouvoir disposer de moi dans n'importe lequel des jours qui arrive, dans tous les lieux qu'il souhaitera conquérir, qu'il m'autorisera à partager. Il est loin de se douter de la ferveur de mon amour, de la folie de mon obsession, de la grandeur de mon non-sens. Il est loin de savoir et encore heureux qu'il ne puisse pas en mesurer l'indécence, sinon il crierait sur tous les toits que je suis folle à lier, à attacher, à kidnapper, à enfermer. Qu'il faudrait m'éloigner du genre humain pour vouloir trop aimer à tour de bras sans aucun tri que celui de l'attirance ingérable pour un autre corps, une autre existence. J'aime au point de me perdre dans cette autre vie, pas au sens figuré, au sens propre. Je suis capable de rester des jours dans son existence sans toucher à la mienne, sans y mettre la pointe de mon pied ou le début de ma pensée, je suis capable de m'éloigner à ce point de moi et de ma survie pour un autre que j'aime, que les gens m'oublient. 
Il court sous la pluie de novembre, dans la bourrasque d'un vent, il court dans Paris comme un sourd, comme un malade, comme un homme qui n'aurait peur de rien. Il croule sous les peurs quoi qu'il en dise. Je crois pouvoir me dire qu'il n'aura jamais d'enfant. Je réalise que c'est un homme loin de ma vie d'étudiante, loin de mes soucis de voyages en solitaire, de mes romans amoureux fait pour exorciser la peine, je réalise qu'il pourrait être comme ces hommes invisibles et passe-partout en costume dans le métro. Je réalise soudain que c'est un homme, un adulte, et que je ne suis qu'une enfant, une minuscule jeune fille. Cette fois c'est à moi que l'ivresse joue des tours, que la clairvoyance apparaît cruellement. Avec plus de six mois de retard je comprends pourquoi il dit tout ça, dans ce parc, dans cette lumière, sur ce trottoir. Je le comprends et crois ne pas me reconnaître lorsque je commence à penser la même chose confuse et entremêlée que lui : nos vies ne sont pas compatibles. Elles ne sont pas en adéquation et ne le seront jamais, seulement voilà tout le secret des rencontres humaines, de l'aléatoire : nous sommes irrésistiblement en connivence pendant de courts instants. Chaque séparation n'est bonne qu'à donner des retrouvailles encore meilleures. C'est la rengaine d'automne de ton nom inoubliable bientôt surmontable malgré les apparences ; c'est la rengaine, la balade d'un début d'hiver qui s'accroche avant de s'installer, de fondre sur nous et de brûler nos joues sans sommation ; c'est la rengaine des derniers mois dont personne ne parle car ils ne sont pas assez séduisants, ces mois qui apportent leur réconfort, leur petit changement, sans grandes idées derrière, juste la vie qui court et brûle dans mes veines sous ma peau blanche et nettement moins rugueuse ; c'est ton nom qui continue de courir mais pour des raisons différentes, qui continue de courir pour l'orgasme associé, pour la jouissance accordée, l'oubli de soi en un autre que soi justement, dans ces chaudes caresses, ces chauds baisers, brûlants cris acoustiques de la mutuelle bienveillance. Il n'y a qu'à cela que tu sers dans ma vie, il n'y a qu'à cela que tu es bon et que tu le resteras sans comparaisons. Tu n'es bon qu'à me faire l'amour sans amour. Tu n'es bon qu'à me faire la passion sans sentiments, sans troubles à l'âme. La passion construite de tout pièce, inventée pour nous dans le temps de cette chambre, cette fureur du plaisir imaginée par toi, voulue par moi, confondue pour nous, concrétisée au travers de nos corps inséparables pour des motifs sombres ou bien trop triviaux pour être annoncés. La cruauté de la réalité qui nous est intrinsèque, l'horreur de cette absence de quelque chose, d'autre chose, d'exotisme, d'aventure, de miracle. Nous sommes à ce point pauvres de tout toi et moi, sans être de la même vie ou du même moment, nous sommes abrutis par tant d'autres gens, d'autres soucis, appauvris par tant de combats et de non-réactions, d'immobilité. Abasourdis de comprendre que le désir s'avère être la seule sensation sans fin possible, sans terme possible, sans altération. Entre nous le désir entrouvert ne se referme jamais, crevasse béante et sans fond où nous avons plongé sans savoir, sans entrevoir, sans comprendre pourquoi. Le jour où le désir d'un de nous deux se reportera sur une autre personne, sera digne d'autre chose de plus riche nous mourrons l'un dans l'autre une dernière fois. Dans une déchirure sans précédent et sans autre sens que la mort du désir nous nous posséderons si fort que nous ne pourrons oublier le moindre détail, ce sera intolérable et puissant, invivable au futur comme au présent. Ce sera avec la peau qui saigne, les chairs à fleur de surface, les doigts en sueur, le cœur plus gros qu'une caisse de batterie, ce sera avec les cheveux arrachés, le dos pleins d'ecchymoses, le ventre nourri de vide depuis l'intérieur. Ce sera avec tes yeux révoltés plongés dans mes yeux dévastés, pleins de larmes de rage et d'impuissance mêlés. Ce sera beau de violence, tonitruant de douleur, parce que le désir ne se créer et ne s'anéantit que dans la plus parfaite intolérance.

Je t'aime. Et je continuerai de t'aimer partout où la vie nous apposera. Dans le déni, la colère ou l'absence, la puissance de cette beauté, le parfait plaisir de la première fois restera imprimé, pyrogravé dans mon épiderme. Toi, toi, toi dont l'existence me rend folle.

21 novembre 2013

I write home everyday & I see you on the tv, at night...

Le 25 novembre à 8h15. Chaque année, l'approche de mon anniversaire me rend mégalomane, égocentrique et encore plus électrique qu'en temps normal. Ce soir en ouvrant ma boite aux lettres j'ai trouvé une petite boîte, un carton carré empli d'ailleurs. Cet ailleurs c'est l'Amérique, c'est J. mon ami de l'autre côté de l'Atlantique, c'est lui qui pense à moi en célébrant le jour de ma naissance. Il sera là dans l'odeur de la boîte lorsque je l'ouvrirai lundi matin les yeux encore embués par le sommeil. Il sera là dans ce que contient le colis. Peu importe si personne d'autre n'y pense, si les gens m'oublient, si... si la vie dans son âpre mystère... du plus loin qu'il vive et respire, lui me fait réaliser qu'on pense à moi.

Merci J. rendez-vous at Christmas pour le premier colis de cadeaux d'une longue liste.
Love, love, love. 

Ps: maman est fière de ma réussite, je le lis. Ça me donne envie de croire en moi pour une fois.

19 novembre 2013

Rengaine de fin d'automne.

Tu bois l'eau de toute la piscine pour avoir le goût des autres; espèrant changer, devenir autre au point que personne ne te reconnaitrait plus, pour pouvoir t'aimer enfin comme si tu étais là. Il était là cette nuit, planté dans ta tête. Son souvenir te revient la nuit lorsque tu es vulnérable, lorsque tu glisses hors des broussailles que sont toutes ces pensées qui te viennent. Il te revient et ne cesse de murmurer " n'oublie pas, tu ne pourras jamais, jamais t'en sortir ". Cet ancien spectre du passé oublié déchiqueté éviscéré dépecé: tu le maudis n'est-ce pas? Toi qui faisais semblant d'être une adulte, toi qui prétendais être en mesure de faire abstraction. Bois cette eau, tu comprendras sans doute mieux de quoi sont fait les autres. 

Fais tes longueurs en silence maintenant, écorche ton corps et fixe bien ces bleus-là ; ils sont tout ce qu'il a daigné te laisser dans le cou, sur les genoux et dans la chute de tes reins. Mais pour ça il faudrait que tu oses regarder ton corps nu dans le miroir. Sombre lâche.

Cessons de plaisanter, tu es un jeu, un je de tu-ils.

15 novembre 2013

J-10 avant mon anniversaire.

Un weekend seule de nouveau.
Je suis si fatiguée. Si lasse.
A quand le renouveau?
Je m'ennuie.
Je stagne.
J'ai peur.
Peur.
Peu.

12 novembre 2013

So Much Better.


Cette chanson, c'est un peu comme la douceur qui m'emplit quand tu parles, quand tu écoutes, quand tu restes après et avant tous les autres, pardonnes moi de n'avoir pas compris à ce moment là. Je fus trop préoccupée par l'image que les autres donnent, je ne me suis pas attardée sur la sensation. Tu étais resté ce soir là, je n'en avais plus besoin, mais tu m'as prise dans tes bras, pas immenses mais juste à la bonne taille, tu m'as collée contre ton torse, m'obligeant à respirer. Oui, tu es le seul à être resté cette nuit là, même si je n'en éprouvais pas le besoin, toi seul y a pensé. C'est comme une preuve à retardement de ta bravoure à toute épreuve.

Il y a une odeur de sucre, de cannelle et de confiture de lait dans la cuisine. Je me mets aux fourneaux tout l'après-midi. Ce matin j'ai nagé pendant une heure. Moi qui n'avais plus fait de sport depuis cet été je me redécouvre des écailles. Mon corps glisse sur ces vingt-cinq mètres sans relâche. Je sens mes muscles se tendre, bouger, s'étendre, prendre place dans cette eau.
Après des mois d'absence j'envoie un e-mail à P. qui est parti à Toronto. Il me revient à l'esprit ces derniers jours, je me prend à penser que ce drôle de pincement, cette légère brûlure est peut-être celle de mes espoirs. Avant l'été la question ne se posait pas, je n'étais pas prête, pas sûre, pas fiable, il ne pouvait avoir une place décente dans ma vie. Mais maintenant, près de six mois ont passé, le vent, l'échec, la redécouverte se sont succédés, s'il revenait... Il va revenir dans moins d'un mois ; inconsciemment je prépare ce retour, je prépare cette rencontre nouvelle entre lui et moi. Nous qui avons, j'en suis sûre, beaucoup changé. Je suis prête pour cette tendresse, cette attention, prête pour tant de tranquillité et d'apaisement, de sérénité et de droiture. Voudra-t-il encore de moi ? Encore une fois j'ai peur d'arriver après la bataille ; les voyages changent les personnes que nous sommes, tout le monde sait ça, c'est de notoriété publique, alors sans doute aura-t-il changé et se sera-t-il rendu compte qu'il vaut mieux que moi. Et pourquoi les choses seraient-elles différentes cette fois si elles ne l'ont pas été en juin ?
J'ai peur de le vouloir parce que les drames ont dérivé me laissant dans une détresse infime et illisible, invisible à l’œil nu de ceux qui m'observent ; j'ai peur de le vouloir pour les mauvaises raisons, juste pour l'idée de lui, pour l'impression rassurante que m'ont laissé les jours et les nuits, les moments passés à ses côtés. J'ai peur d'être seule, mais encore plus de vouloir quelqu'un uniquement dans l'idée de contrer cette solitude permanente.
Je veux contredire les idées reçues, je veux prendre à contre pied l'image qui émane de moi naturellement : C. est une célibataire, une papillonneuse, une désirable sur qui personne ne s'attarde, elle qui croit sans cesse trouver le bon, elle qui derrière cet optimisme jamais perdu cache la plus grande frayeur de sa vie, celle de ne pas parvenir à être aimée.
C'est vrai. Je veux que quelqu'un vive avec moi une grande histoire d'amour, une belle tendresse fleurie qui résiste au temps et aux averses, aux cauchemars et aux doutes. Je désire quelqu'un de fort qui n'en a pas l'air, qui ne laisse pas croire une minute ce qu'il possède au fond des entrailles. J'ai envie une fois de plus, une fois en l'air, une fois inutile de penser que c'est lui. P., reviens. P., réponds à mon désir, à mon simple e-mail qui ne paraît pas. P., pardonne-nous et reprends cette place qui t'allait si bien, celle de l'enchanteur de ma minuscule existence.

8 novembre 2013

Mon coeur d'automne dans ta bouche fleurie.

Reviens pars reste,
mords et invente-moi
brûlante de silences à la fois
si lents, si lestes

Créer-nous d'encres croisées
sans dessus dessous de ciels étoilés
déstabilise-moi te bousculant
d'arrière en avant.

Suis-moi de loin
en loin, à l'heure
j'aurai ce train

rieur.

Mon cœur déboussolé
d'une ivresse sans printemps, maladive
jouera du violon dans l'espace de tes rives
bercé d'un hiver sans été.

J'apprendrai à surprendre
les courbes pleines de ton dos,
à courir et suspendre
la mélodie de mes doigts sur tes os

Une nuit, la trace de ta silhouette
sous mes paupières je capturerai,
dans le crépitement d'une cigarette
aux nuages envieux je l'offrirai

Les paumes ouvertes sur l'aube bleue
je devinerai ton cœur et ses coutures
savourant le grain de ta peau de mes yeux
l'esprit décousu et sans allure.

Laisse moi t'aimer un petit peu 
je serai sage je te promets 
pleine de nous, je tisse des nœuds
engloutis moi, j'arrêterai.

Veux-tu rester quelques instants

autour, autour, dans l'interstice de la pluie

si lasse je m'étendrai lisse et sans vie

dans l'infini de tes bras conquérants.

6 novembre 2013

Le jour où l'on ne m'a plus reconnue.

Un article sur Rue89 et je déchante. Il serait ce "quelqu'un", ce personne que je côtoie, cet inconnu presque invisible qui chevauche mes nuits. Ne serait-ce pas plutôt mon rôle? Ma place, celle de la fourvoyée, de la trahie, foudroyée par tant de peine? Si je venais à partir pour de bon, ce serait comme si je n'avais jamais été là. Une autre prendrait sans doute ma place. Une jeune femme aux cheveux bouclés comme moi, comme les précédentes, comme les suivantes. Serait-ce le désir même qui me dépossède de ce que je suis, qui le fait m'aimer dans une étincelle comme une ombre, une n'importe-qui? C'est triste, vide. Nous ne perdons rien, excepté nous.

Nous touchons au gouffre. L'article parle de trentenaires et la tête me tourne au dernier rang de cet amphithéâtre, les yeux me brûlent et je refuse pourtant de les fermer, contractant les mâchoires. Je ne suis jamais aussi belle que lorsque je suis anonyme. Ses bras enserrent ma taille dans le soir, mais déjà sans doute oublie-t-il que je suis là, moi au prénom doux, aux yeux en amandes, au sourire facile. 

Sais-tu seulement que c'est moi?

Pourtant depuis des mois il n'y a plus que moi dans sa vie. Je vogue à la conquête d'autres, jouant à ne l'observer que du coin de l'oeil, discrètement, refusant de revenir si vite. Je sais qu'il attend que ma lassitude prenne le dessus, que je retourne le passé, le déterre, le foule et que je hurle devant tant de choses à recommencer. Je suis une proie facile lorsque je sais qu'il est mien. Tu mens si bien mon amour. Tu feins si parfaitement de te moquer de tout sauf de moi durant quelques instants. J'ai cru que le vent tournait cette nuit-là. 

"Comment tu vois ta vie d'ici dix ans?"

Je rétorque en riant que tu dors et que ma réponse ne t'intéresse pas. Au fond j'ignore simplement pourquoi tu me poses une telle question. Et j'ai peur, pour la première fois, c'est si inhabituel que tu en poses de telles... Je reste muette, regardant au fond de tes yeux fermés. 

"Joyeuse. Pleine de rires. C'est tout ce que j'espère."

Dans dix ans, je mens, j'aimerai que tu sois là. Sauve-moi.

3 novembre 2013

Ne dites rien à personne.



Ce fut la meilleure soirée Halloween de ma vie. Sans bonbons, sans rencontres nouvelles, juste un autre moment irréel passé avec lui. Dans la pénombre, des stries de lumières blanches courant sur le carrelage de cette salle de bain, la porte à peine plus épaisse qu'une feuille de papier, le verrou. Toujours le verrou
"Ils peuvent ouvrir je m'en fiche, ils peuvent comprendre je m'en fiche, je suis là avec toi".

Ça commence il y a trois jours, nous fermons les yeux et laissons nos corps séparés s'emplir du désir de l'autre, absent comme toujours. Ça continue le jeudi 31 dans la journée, nous nous languissons de tant d'aventure, nous savons ce vers quoi nous courons: l'autre. Ça continue le jeudi soir lorsqu'il arrive et que je suis déjà chancelante, d'alcool, d'envie, d'attente, de lui. Lorsque les autres sont là nous glissons des sous-entendus connus de nous seuls, les autres écarquillent les yeux mais je le vois, derrière, à me sourire parce qu'il comprend.

La cuisine se vide, nous écrivons n'importe quoi sur ce tableau véléda blanc, uniquement pour la proximité de nos corps. Il se tourne enfin vers moi, saisissant ma tête entre ses mains, faisant vriller le stylo et mes cinq sens. Quelqu'un entre. L'art de la dissimulation. Mais trop de choses sont lancées pour que nous reprenions notre sérieux. Le couloir est trop susceptible d'être découvert, il glisse pourtant ses mains sous ma robe et dévore mon cou. Il me hume, me flaire, redécouvre à l'infini l'odeur de ma peau, sers-toi de ton odorat que je te mène par le bout du nez.

Quelle soirée. En secret, en silence, en fusion.
Quelle journée ensuite. En duo, il m'embrasse dans le bus, encerclés par tous ces inconnus, me tient par la taille. Je n'accorde pas plus de signification à ces gestes que leur simple réalisation. Ce sont des gestes, point.

"tu as vu comme nous ne formons qu'un? tu sens comme c'est beau?"

Il se souvient de tout, moi qui pensais qu'il avait tout oublié.

"je me souviens oui, évidemment, tout était pareil, sauf qu'il ne pleuvait pas en avril, et que c'était ta première fois entre mon corps".

Je ne sais pas si je souris en sortant parce qu'il pleut dans la nuit terriblement froide de ce premier jour de novembre ou bien parce qu'il se souvient comme moi de tout ça, et que, je le lui dit:

"nos corps étaient faits pour se rencontrer, ils ne peuvent se passer de la sensation de l'autre parce que la mémoire corporelle du désir est intacte." 

Je dis nos corps, pas "nous" parce qu'aucun "nous" n'existe en dehors de ce lit, de cette nuit, de cette salle-de-bains, de ce couloir et bien plus encore de ce secret.

Il lâche en trébuchant sur les mots ce dont je ne cesserai jamais de me gargariser:

"Affolant. Je... Aucune... Personne avant toi ne m'avait fait ressentir ça. Je n'ai jamais été submergé comme ça. Je... C'est dingue tu ne trouves pas? Je crois que je sais maintenant qu'il n'y a que toi pour me mettre dans des états pareils."

Dire qu'il lui a fallu plus de 6 mois pour s'en rendre compte vraiment...