Cette chanson, c'est un peu comme la douceur qui m'emplit quand tu parles, quand tu écoutes, quand tu restes après et avant tous les autres, pardonnes moi de n'avoir pas compris à ce moment là. Je fus trop préoccupée par l'image que les autres donnent, je ne me suis pas attardée sur la sensation. Tu étais resté ce soir là, je n'en avais plus besoin, mais tu m'as prise dans tes bras, pas immenses mais juste à la bonne taille, tu m'as collée contre ton torse, m'obligeant à respirer. Oui, tu es le seul à être resté cette nuit là, même si je n'en éprouvais pas le besoin, toi seul y a pensé. C'est comme une preuve à retardement de ta bravoure à toute épreuve.
Il y a une odeur de sucre, de cannelle et de confiture de lait dans la cuisine. Je me mets aux fourneaux tout l'après-midi. Ce matin j'ai nagé pendant une heure. Moi qui n'avais plus fait de sport depuis cet été je me redécouvre des écailles. Mon corps glisse sur ces vingt-cinq mètres sans relâche. Je sens mes muscles se tendre, bouger, s'étendre, prendre place dans cette eau.
Après
des mois d'absence j'envoie un e-mail à P. qui est parti à
Toronto. Il me revient à l'esprit ces derniers jours, je me prend à
penser que ce drôle de pincement, cette légère brûlure est
peut-être celle de mes espoirs. Avant l'été la question ne se
posait pas, je n'étais pas prête, pas sûre, pas fiable, il ne
pouvait avoir une place décente dans ma vie. Mais maintenant, près
de six mois ont passé, le vent, l'échec, la redécouverte se sont succédés, s'il revenait... Il va revenir dans moins d'un mois ;
inconsciemment je prépare ce retour, je prépare cette rencontre
nouvelle entre lui et moi. Nous qui avons, j'en suis sûre, beaucoup
changé. Je suis prête pour cette tendresse, cette attention, prête
pour tant de tranquillité et d'apaisement, de sérénité et de
droiture. Voudra-t-il encore de moi ? Encore une fois j'ai peur
d'arriver après la bataille ; les voyages changent les
personnes que nous sommes, tout le monde sait ça, c'est de notoriété
publique, alors sans doute aura-t-il changé et se sera-t-il rendu
compte qu'il vaut mieux que moi. Et pourquoi les choses
seraient-elles différentes cette fois si elles ne l'ont pas été en
juin ?
J'ai
peur de le vouloir parce que les drames ont dérivé me laissant dans
une détresse infime et illisible, invisible à l’œil nu de ceux
qui m'observent ; j'ai peur de le vouloir pour les mauvaises
raisons, juste pour l'idée de lui, pour l'impression rassurante que
m'ont laissé les jours et les nuits, les moments passés à ses
côtés. J'ai peur d'être seule, mais encore plus de vouloir
quelqu'un uniquement dans l'idée de contrer cette solitude
permanente.
Je
veux contredire les idées reçues, je veux prendre à contre pied
l'image qui émane de moi naturellement : C. est une
célibataire, une papillonneuse, une désirable sur qui personne ne
s'attarde, elle qui croit sans cesse trouver le bon, elle qui
derrière cet optimisme jamais perdu cache la plus grande frayeur de
sa vie, celle de ne pas parvenir à être aimée.
C'est
vrai. Je veux que quelqu'un vive avec moi une grande histoire
d'amour, une belle tendresse fleurie qui résiste au temps et aux
averses, aux cauchemars et aux doutes. Je désire quelqu'un de fort
qui n'en a pas l'air, qui ne laisse pas croire une minute ce qu'il
possède au fond des entrailles. J'ai envie une fois de plus, une
fois en l'air, une fois inutile de penser que c'est lui. P.,
reviens. P., réponds à mon désir, à mon simple e-mail qui ne paraît pas. P., pardonne-nous et
reprends cette place qui t'allait si bien, celle de l'enchanteur de
ma minuscule existence.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire