Je sais, je sais. Je reconnais l'avoir dit des milliers de fois. L'avoir pensé autant si ce n'est plus. Mais je n'en ai pas envie au fond, arrêtons de nous mentir, moi en tout cas j'arrête. Je n'ai pas envie de ne plus le voir, de ne plus m'engueuler avec lui, de ne plus l'entendre. Je veux qu'il me rende dingue encore à force de me faire rire et pleurer, sourire, espérer et désirer. Il est la force désirable de mon quotidien. Je n'y peux rien. J'aime un homme qui jamais ne m'a aimée et qui jamais ne m'aimera. Et je continue de vivre pourtant. Parfois je l'oublie, je m'éloigne raisonnablement, je fréquente quelqu'un d'autre, je crois passer un cap. Et la seconde d'après il est là. Pendant quelques heures, quelques jours, quelques semaines, rarement plus longtemps. Mais ces secondes là sont savoureuses et intenses. Toujours renouvelées et surprenantes, je ne m'en lasse pas. Il met ce grain de folie dans ma vie qui manque à tous les autres.
Je sais, je radote, je radote. Ce sont toujours les mêmes-fausses révolutions qui s'amorcent en moi et qui disparaissent au dernier vent d'Octobre. Toujours les mêmes exécutions ratées des destructeurs de mes amours. Le même sentiment d'échec et de solitude quand le soir se fait long, le froid sec et les semaines fatigantes. Mais il est là parfois, réchauffant mon ciel d'automne de la couleur de ses mots.