30 janvier 2014

Mise en bouche.

Je trace sur ton torse des lignes incandescentes du bout de mes doigts, sillons maintes fois foulés, mille fois réinventés, à l'infini de la création; je me laisse onduler au gré des contours frémissants de ce corps. Tu réchauffes mes nuits de la chaleur de ta bouche, tu colores mes jours de l'arrêt de toutes les temporalités, il n'est déjà plus à prouver que le bonheur a remplacé mes os blancs, poreux; mon homme.
Je me dis qu'il faudrait tout écrire, tout noter, tout consigner, en garder des boîtes entières de vie à revivre, des carnets de lignes à décrypter. Mais je sens que ma mémoire conservera tout, toujours, je sens que mon esprit se gorge sans déborder de toi de nous de ça de... 

Avançons, construisons, pas à pas, peu à peu, mais regardons droit mon amour.
Regardons l'horizon de la mer qui n'attend que nous.

- Pourquoi tu ris?
- Parce que c'est le paradis ce que tu me dis!

25 janvier 2014

L'éternelle litanie des feuilles mortes dans le vent.

Quel est mon héritage ? Que me laisserez-vous ? 
Comme la lourdeur d'un héritage, l'éternelle remontrance des sages, les baisers d'amants de passage, les discussions pleines de rage, la difficulté de fouler une plage. Comme la légèreté de la chair et du sang, l'illusion des amours lactescents, le départ de grand-père dans l'horreur des camps, le gout de la foudre sous la langue entre les dents, comme le bonheur d'avoir éternellement vingt ans. Ce n'est pas ma faute cette passation du désert, si je vois la vie à l'envers, si j'aime les gens à me perdre dans un verre, si je marche pieds nus dans la terre et me baigne habillée dans la mer.

Je ne me suis jamais posée pour t'écrire une seule seconde, décrire les traits de ton visage ou les innombrables grains de beauté que l'on a peint dans ton dos sans te le dire, que tu nous as légué à nous, tes enfants. Je ne me suis jamais arrêtée sur ton regard ou ton histoire, sur mon héritage puisqu'il faut le dire, puisqu'il faut rétablir la vérité sur notre lien, notre sang partagé, notre carnation imprimée par le soleil l'été ou la neige l'hiver, puisqu'il faut admettre que depuis toujours les gens, les passants, les amis ne cessent de s'écrier que je suis ton "portrait craché". 
Je ne suis pas toi, parce que tu es grand du haut de ton mètre quatre-vingt-trois affleurant le monde depuis ta hauteur, ta tour d'écailles; parce que tu es colérique, impressionnant quand tes traits se contractent, se crispent, s'irritent et se mettent à jaillir sur tes victimes, du haut de ta violence imméritée, resplendissante d'inutilité et de gravité; du long de mon indolence je n'atteins plus tes colères pourtant transmises à une période. Je voulais faire peur, que l'on me craigne comme je te craignais, comme je craignais de me recroqueviller pour ne pas que tu profites de ma faiblesse, de mes pleurs, pour que tu croies que les cris, les représailles me glissaient dessus, moi transformée en oeuf, en coquille vide. Je suis consternée en pensant à tes talents, des doigts d'or faisant du crayon une symphonie, une envolée brillante, lorsque l'aquarelle perçait tes yeux et éclaircissait le papier jusqu'à s'accorder à ta vision du monde. Je suis pantelante en imaginant cet amour qui un jour te fit prendre la décision de créer, de façonner un enfant puis un deuxième, bien que le second ait été malgré ta volonté; quand je me remémore tes pleurs brûlant la soie de tes jours, ta barbe noire des jours de retard, d'urgence, de départs annoncés, de maladie, de tristesse. Je me sens incapable de penser à toi comme à un homme maintenant que ton visage m'échappe, que j'ignore tout de toi jusqu'au nombre de tes cheveux gris, jusqu'à ta profession, jusqu'à ta vie de demain. 

Moi non plus je n'ai pas fait beaucoup d'efforts pour te rattraper. Je n'avais plus la force, plus l'envie ni le courage, je courrais en sens inverse contre le vent qui se lève pour vivre, je regardais mes pieds effrayée par le monde. Si bien que j'ai cessé de t'aimer sans cesser de souffrir, papa.

22 janvier 2014

Rue des Thermopyles.

Je t'aime. Comme jamais je n'ai aimé de ma vie.
Je t'aime mon soleil. Oui, j'en suis sure, je le sais.
Mais comment te le dire? Comment oser?
J'ai peur. Pourtant je frémis.
Je t'aime. A l'infini. A l'infini.
Je suis en harmonie. Avec toi.
Mon amour. Le soleil de mes nuits.

16 janvier 2014

I think there's something, baby

Les deux pieds joints il est debout, le regard droit, tranchant, qui me transperce de part en part. Il est là, posément à me regarder les sourcils qui ne sourient pas mais qui implorent, qui supplient. Il est à moitié nu devant moi maintenant je le distingue dans la pénombre de la chambre dont j'ai entrouvert la porte. Il est comme un enfant surpris à voler des friandises qu'il lorgnait depuis des semaines, comme un enfant étonné de voir qu'on ne le gronde pas, que l'on reste nous aussi les pieds joints, ancrés dans le sol et la main appuyée contre le chambranle de la porte. Il s'étonne de ne pas entendre ma voix qui tonne, crie, insulte, incendie; il est déçu de ne pas supporter les coups de mon désespoir incendiaire. Je le vois dans ses yeux, dans cette clarté - dûe à la lumière ou non - qui m'éclabousse. Faut-il bouger? Faut-il partir la tête haute? 
Une curiosité malsaine, cruelle et douloureuse m'envahit, celle de se griffer soi-même jusqu'au sang, de se regarder souffrir et saigner mais de se sentir libérer cependant; je l'écarte légèrement du revers de ma main et je la vois. Elle. Cette petite fille, cette femme, cette traînée qui rampe dans le lit reculée au fin fond d'un noir inexistant. Elle n'est pas craintive au contraire son regard se fixe au mien, insolent. Indécente elle m'observe à son tour me mouvoir puis cesser tout mouvement, elle attend que ce soit moi qui relâche l'attention. 
Je souris en baissant les yeux, reprend mon souffle, la gifle si fort que son joli nez saigne et tâche les draps. 
Le sang présent sur ma main est chaud, gluant, répugnant. Avant de sortir je m'en débarrasse sur son torse; tiens lui dis-je, garde ça en souvenir. 

L'oreiller est froid lorsque ma main s'y agrippe. Mes yeux trempés par ce mauvais rêve se rassérènent en devinant les lignes de son visage, son regard perdu dans les brumes oniriques. Comme averti de mon sursaut, de mes pensées nocturnes et ravageuses il se tourne et m'enlace en gardant le sommeil. Sa douce odeur de sucre, d'amandes effilées, de soleil, de fleurs en plein été; sa peau colorée, merveilleux métissage mon amour donnant lieu à ton corps étendu sous mes paumes. 

14 janvier 2014

400g de Toblerone.

Évidemment le temps file, nous laissant quelque peu démunis face à la grandeur des évènements, la vitesse du désir, du besoin irrépressible de s'endormir près de la peau de l'autre, nichés dans notre parfum, entourés de nos rires et lovés dans nos voix. Il semble évident que tout revêt une allure furieuse, mais rien n'est précipité dans la splendeur des jours, rien ne détonne, rien ne vient gâcher notre nouvelle harmonie, notre paisible et joyeuse histoire. Tu sais cette histoire de cercle dont on parle dans le monde, cette légende, ce modèle de prudence, de recul; j'ai plongé en voyant tes pieds chanceler au bord du cercle rouge de notre histoire d'amour. J'y ai plongé, le regard planté dans le tien, insensible aux choses du dehors, les bras solidement amarrés à tes épaules.

Hier, il y a un mois, mon soleil, tes lèvres s'entrechoquaient aux miennes pour le premier vertige. 

J'aime déjà tant de choses faites avec toi, tant de choses de toi. J'aime ce que tu es, j'aime le délire et le vertige de nos nuits, j'aime tes mains courant à la découverte de mon corps, tes lèvres dans mon cou, dans mes cheveux. J'aime ta voix du matin, ton silence du sommeil redécouvert, mérité, inattendu, tes yeux clos, incertains, fatigués par le jour, impatients d'une nouvelle journée. J'aime ta façon de danser, de me sourire, le bruit de ton rire quand tu renverses la tête, ton jean rapiécé, ta chemise à carreaux, ton pull jacquard, ton gilet rouge sur mes épaules en ce moment même. J'aime les moments passés à écouter de la musique, à déambuler, à s'émerveiller.


(merci Mariame pour la découverte)

12 janvier 2014

Écrire des mots doux dans tes livres.

C'est comme un infixable vertige, contrairement à ce que prétend Rimbaud, que d'être avec toi; comme le soleil qui réchauffe la peau, le miel dans l'air, la volupté des nuits, des étoiles, des jours. Je n'écris plus vraiment, engourdie dans notre cocon ouvert aux autres, dans notre bulle ouverte au monde, dans nos mains aimantées l'une à l'autre, dans nos bouches qui se trouvent, se mêlent, se découvrent et s'apprennent. Tous les lieux acquièrent une histoire traversés à tes côtés. Je n'écris plus vraiment, je peaufine simplement, je consigne précieusement, j'inscris au creux des pages la ligne courbe de nos débuts. Tout est gravé dans les sillons de ma mémoire, dans les fossettes au coin de ma bouche. Je n'écris plus, sauf pour t'écrire des mots d'amour, mon soleil, mon prince, mon doux, mon tendre, mon amant à la peau de jade, à la douceur printanière. Tomber en amour pour toi s'impose peu à peu comme la main tendue vers le bonheur. 

J'écoute Biolay, qui me parle de toi, de nous, de l'univers infini qui se nomme de lui-même, j'écoute Biolay et je regarde Janvier depuis la fenêtre qui se découpe en journées brumeuses, en nuit dans les vapeurs de l'alcool et des rencontres importantes. 

" Parfois dans la vie il arrive des histoires, 
certaines se trouvent être des histoires d'évidence ".
C'est toi mon évidence maintenant,
 ma rencontre du vendredi treize, 
mon ami, mon amant, mon amoureux.

7 janvier 2014

Mon poisson-chat, mon doux soleil, mon irrégulier...

" Entre deux mains aux doigts noués, le moindre frémissement bruit de battements d’ailes ; la moindre pression provoque une onde qui s’élargit de cercle en cercle. La main, ce digne organe de la caresse, ce qu’elle caresse ici n’est pas seulement une autre main, mais la caresse même de l’autre. Caressant réciproquement la caresse, les deux partenaires basculent dans un état d’ivresse qui a peut-être été rêvé dans l’enfance, ou alors dans une avant-vie. Les veines entremêlées irriguant le désir se relient aux racines profondes de la vie ; les lignes entrecroisées qui prédisent le destin tendent vers le lointain, jusqu’à rejoindre l’infini des étoiles. "
François Cheng.

2 janvier 2014

s'éveiller à, être présent, découvrir.

Tel un réseau immense de connexions insoupçonnées, ton corps s'offre soudain à moi dans les couleurs de la nuit. Des éclats alternativement mauves, bleu fauve, orangés parcourent les contours phosphorescents de ton torse. Notre nouvel éveil sensoriel est celui, interminable, de deux fusions. Je suis tienne et je te fais mien. Pose ta main sur mon sein, laisse la palpiter avec mon cœur crépitant. 


Oui je sais, j'ai ressorti cette chanson des placards.