3 novembre 2013

Ne dites rien à personne.



Ce fut la meilleure soirée Halloween de ma vie. Sans bonbons, sans rencontres nouvelles, juste un autre moment irréel passé avec lui. Dans la pénombre, des stries de lumières blanches courant sur le carrelage de cette salle de bain, la porte à peine plus épaisse qu'une feuille de papier, le verrou. Toujours le verrou
"Ils peuvent ouvrir je m'en fiche, ils peuvent comprendre je m'en fiche, je suis là avec toi".

Ça commence il y a trois jours, nous fermons les yeux et laissons nos corps séparés s'emplir du désir de l'autre, absent comme toujours. Ça continue le jeudi 31 dans la journée, nous nous languissons de tant d'aventure, nous savons ce vers quoi nous courons: l'autre. Ça continue le jeudi soir lorsqu'il arrive et que je suis déjà chancelante, d'alcool, d'envie, d'attente, de lui. Lorsque les autres sont là nous glissons des sous-entendus connus de nous seuls, les autres écarquillent les yeux mais je le vois, derrière, à me sourire parce qu'il comprend.

La cuisine se vide, nous écrivons n'importe quoi sur ce tableau véléda blanc, uniquement pour la proximité de nos corps. Il se tourne enfin vers moi, saisissant ma tête entre ses mains, faisant vriller le stylo et mes cinq sens. Quelqu'un entre. L'art de la dissimulation. Mais trop de choses sont lancées pour que nous reprenions notre sérieux. Le couloir est trop susceptible d'être découvert, il glisse pourtant ses mains sous ma robe et dévore mon cou. Il me hume, me flaire, redécouvre à l'infini l'odeur de ma peau, sers-toi de ton odorat que je te mène par le bout du nez.

Quelle soirée. En secret, en silence, en fusion.
Quelle journée ensuite. En duo, il m'embrasse dans le bus, encerclés par tous ces inconnus, me tient par la taille. Je n'accorde pas plus de signification à ces gestes que leur simple réalisation. Ce sont des gestes, point.

"tu as vu comme nous ne formons qu'un? tu sens comme c'est beau?"

Il se souvient de tout, moi qui pensais qu'il avait tout oublié.

"je me souviens oui, évidemment, tout était pareil, sauf qu'il ne pleuvait pas en avril, et que c'était ta première fois entre mon corps".

Je ne sais pas si je souris en sortant parce qu'il pleut dans la nuit terriblement froide de ce premier jour de novembre ou bien parce qu'il se souvient comme moi de tout ça, et que, je le lui dit:

"nos corps étaient faits pour se rencontrer, ils ne peuvent se passer de la sensation de l'autre parce que la mémoire corporelle du désir est intacte." 

Je dis nos corps, pas "nous" parce qu'aucun "nous" n'existe en dehors de ce lit, de cette nuit, de cette salle-de-bains, de ce couloir et bien plus encore de ce secret.

Il lâche en trébuchant sur les mots ce dont je ne cesserai jamais de me gargariser:

"Affolant. Je... Aucune... Personne avant toi ne m'avait fait ressentir ça. Je n'ai jamais été submergé comme ça. Je... C'est dingue tu ne trouves pas? Je crois que je sais maintenant qu'il n'y a que toi pour me mettre dans des états pareils."

Dire qu'il lui a fallu plus de 6 mois pour s'en rendre compte vraiment...

2 commentaires:

  1. *souffle coupé*
    Je viens de découvrir ton blog grâce aux commentaire sur celui de Vi' (j'adore explorer de cette manière) et je n'en reviens pas...J'adore, j'adore, j'ai l'impression de te comprendre parfaitement!
    Déjà le nom de ton blog est génial, ensuite Satie c'est ma vie, ensuite tu décris l'amour d'une manière si...! Woaw!
    Continue d'écrire, s'il te plait!

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  2. En août 1918, pendant les raids d'avions ennemis sur la capitale, Satie allait frapper à chaque alerte à la porte d'un de ses voisins et disait d'une voix sépulcrale: - «Je viens mourir avec vous.»

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