16 janvier 2014

I think there's something, baby

Les deux pieds joints il est debout, le regard droit, tranchant, qui me transperce de part en part. Il est là, posément à me regarder les sourcils qui ne sourient pas mais qui implorent, qui supplient. Il est à moitié nu devant moi maintenant je le distingue dans la pénombre de la chambre dont j'ai entrouvert la porte. Il est comme un enfant surpris à voler des friandises qu'il lorgnait depuis des semaines, comme un enfant étonné de voir qu'on ne le gronde pas, que l'on reste nous aussi les pieds joints, ancrés dans le sol et la main appuyée contre le chambranle de la porte. Il s'étonne de ne pas entendre ma voix qui tonne, crie, insulte, incendie; il est déçu de ne pas supporter les coups de mon désespoir incendiaire. Je le vois dans ses yeux, dans cette clarté - dûe à la lumière ou non - qui m'éclabousse. Faut-il bouger? Faut-il partir la tête haute? 
Une curiosité malsaine, cruelle et douloureuse m'envahit, celle de se griffer soi-même jusqu'au sang, de se regarder souffrir et saigner mais de se sentir libérer cependant; je l'écarte légèrement du revers de ma main et je la vois. Elle. Cette petite fille, cette femme, cette traînée qui rampe dans le lit reculée au fin fond d'un noir inexistant. Elle n'est pas craintive au contraire son regard se fixe au mien, insolent. Indécente elle m'observe à son tour me mouvoir puis cesser tout mouvement, elle attend que ce soit moi qui relâche l'attention. 
Je souris en baissant les yeux, reprend mon souffle, la gifle si fort que son joli nez saigne et tâche les draps. 
Le sang présent sur ma main est chaud, gluant, répugnant. Avant de sortir je m'en débarrasse sur son torse; tiens lui dis-je, garde ça en souvenir. 

L'oreiller est froid lorsque ma main s'y agrippe. Mes yeux trempés par ce mauvais rêve se rassérènent en devinant les lignes de son visage, son regard perdu dans les brumes oniriques. Comme averti de mon sursaut, de mes pensées nocturnes et ravageuses il se tourne et m'enlace en gardant le sommeil. Sa douce odeur de sucre, d'amandes effilées, de soleil, de fleurs en plein été; sa peau colorée, merveilleux métissage mon amour donnant lieu à ton corps étendu sous mes paumes. 

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