22 juin 2013

Jour d'orgie nationale

Je t'emmène faire le tour de ma drôle de vie... J'ai des idées dans la tête et je fais ce que j'ai envie...

Évidemment sous la moiteur d'hier la musique coulait à flot, l'alcool résonnait partout dans les rues, à moins que ce n'ai été l'inverse; ma tête ne s'en souvient pas. Nous avons bu un peu dans la salle de convivialité, pour nous échauffer, sur quelques notes de muscadet. Puis nous avons marché, à mes cotés il y a T. qui est fort sympathique d'ailleurs, nous rions, nous parlons vraiment. Et débarque B. qui nous rejoint, je l'aime vraiment bien ce grand nounours sous son manteau de répartie et de boutades bien placées. Il me prend sous son aile et ça me réconforte. Nous dansons et nous nous embrassons sur les bouches, tous ensemble comme une sacré ronde de chaises musicales, riant de ces mascarades amicales. Je deviens enfin autre sous le regard flou de la pleine lune, elle m'observe celle-ci l’œil rieur. Mes épaules sont emportées par son bras et puis par la musique, qu'est ce qu'on peut en avoir à faire après tout c'est la fête de la musique jour de débauche organisée et tolérée. Alors je danse je laisse mon corps s'en aller au plus loin, m'emporter par dessus les berges du canal St-Martin, et ils rient de me voir dans un tel état -ils finiront bien par s'habituer- et je suis là ancrée dans le ciel dans chaque parcelle d'étoiles qui nous chaperonnent je tournoie je tournoie. Ils me glissent leurs mains brûlantes sur les hanches pour décomposer mes mouvements, mes saccades sensuelles sont devenues. Je les intrigue par ce changement qui n'est que nous -la pluralité de "je" dont je suis la détentrice- ils me surveillent et m'embrassent encore. Enfin de l'affection, de l'intérêt, ils me préfèrent à d'autres, à toutes ces belles inconnues même si ce n'est que fugace et fugitif comme instant. Je deviens cette prédatrice, cette tentatrice tant de mois attendue et désirée qui se cachait au fond de ma salle de bain à se déhancher sur des chansons de midinette. Pour une cigarette un peu d'affection. Un baiser oui mais avec la langue qui trébuche et les yeux qui grands ouverts nous regardent. Aucun souci, nous acceptons, je n'ai plus rien à perdre ou à prouver, je sais qui je suis, si cela vous échappe tant pis pour vous.
Et P. qui fuit, parce que devant son ultimatum j'ai répondu que je ne voulais que ça, cette décadence maitrisée, ce chevauchement des instants sans concession d'amour pur. Il n'a pas compris, mais il n'est pas pour moi, il est trop lisse alors dans une autre vie sans doute. Si je n'avais pas eu ma vie nous aurions été un couple parfait, de ceux qui font rêver les publicités, mais j'ai eu ma vie, et lui la sienne ce qui nous sépare dramatiquement. 

Dans la voiture qui nous ramène chez L. -chez elle- je m'effondre sans savoir pourquoi. En sachant un peu laisser couler les torrents de larmes qui sont devenus des eaux stagnantes depuis des semaines. A l'arrière je grelotte tranquillement, fatiguée épuisée de tant de cinéma, de tant d'armure, d'avoir été forte sans pouvoir à mon tour m'effondrer, non il fallait que je sois le sourire et le soleil de leurs vies alors je n'ai pas craqué une seule seconde. Maintenant c'est mon tour et les vannes sont cassées, elle laissent exploser mes yeux en des millions de larmes tranchantes. Heureusement il y a B. qui me tient au creux de ses bras immenses immenses qui font le tour de mon corps et qui caresse mes cheveux. 
Mais le moment de sortir de la voiture arrive et tous me surprennent sans comprendre mais pourquoi pleure-t-elle? Que s'est-il passé? Rien elle pleure comme ça d'un coup, un peu étrange. Pendant deux heures ce sera frénétique. Cachée dans la salle de bain bientôt A. vient me trouver, il me déniche et me sort de ma cachette et prononçant de sa voix rauque d'ami des mots qui calment, des mots qui adoucissent sans détruire, qui s'acharnent à reconstruire un bout de ma cage thoracique. Mes yeux se noient. Mais la vie me rattrape, L. est malade elle menace de vomir alors je m'oublie encore un peu et vole à son secours je ne sais faire que ça. Je ne suis bonne qu'à ça, gérer les autres. Tout ça finit dans un appartement sombre, L. s'est endormie trempée et navrée, me laissant épuisée et vidée sur le bord du lit à regarder avec le peu de regard que je conserve le sol en PVC, me laissant seule dans le noir avec P. le seul survivant du massacre qui me borde et qui pendant une demie heure me garde contre lui et guette mon sommeil fiévreux. 

Bonne fête de la musique : oui bonne orgie à vous aussi, rendez-vous l'année prochaine.

1 commentaire:

  1. Yep c'était ce questionnaire !
    D'ailleurs cette question faisait bien rire les gens, sauf ceux qui n'avaient jamais été ivre et étaient abstinents depuis le début de l'année hahaha

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