5 décembre 2013

Les sapins sans épines.

C'est à nous maintenant que le froid cisaille les mains.
L'attente, droit sur les pieds, enveloppé de musique. Invincible.
Les arbres sont creux à travers la fenêtre du train, il ne subsiste dans le noir de l'après-midi que la lumière qui trace en pointillés blancs leurs contours. L'air sent Noël, l'apaisement d'une cheminée, le crépitement de la famille. La frénésie des gens déambulant dans Les Galeries m'inspire Noël, m'inspire le froid, m'inspire le bruit de la mer près de Cabourg enfin retrouvée, les mouettes rieuses se moquant de nos silhouettes grises s'acheminant sur la digue.
Grand-mère tient ma main, l'enserre de sa paume gelée, de ses doigts qui ont trop écrit, trop raconté, trop enseigné. De ses doigts qui agrippent toute une vie et plusieurs générations. Cette main rendue fragile par le temps, ridée par le contact de l'air salin. Je sens grand-mère tourner sa tête vers mon ombre, une mèche de cheveux gris lui balaie le front, sa capuche rouge lui protège le visage ; elle sourit. Elle sourit. Elle est heureuse que nous nous retrouvions, seules face à l'immensité infinie du sable et de la mer mêlés. Nous rentrons, j'entends dores et déjà la radio crépiter « Il est 16h00 bienvenue sur France Inter. ». Comme un rituel nous réchaufferons nos mains en soufflant dessus.
Car c'est à nous que le vent froid cisaillait les mains peu de temps avant.

Sinon, la vie, Paris. Une douce odeur de mauvais café, rassurante toutefois, des éclats de génie, de rire. Inattendues rencontres à la sauvette, d'un jour glacial passé les cheveux emmêlés dans les bottes ; d'un moment où la seule pensée qui fasse sens est celle que l'on est exactement à la bonne place, en retard pour rien, que l'on est exactement la personne que l'on se devait d'être. C'est splendide d'aller en terre inconnue pour rencontrer qui va là. 

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