C'est
à nous maintenant que le froid cisaille les mains.
L'attente,
droit sur les pieds, enveloppé de musique. Invincible.
Les
arbres sont creux à travers la fenêtre du train, il ne subsiste
dans le noir de l'après-midi que la lumière qui trace en pointillés
blancs leurs contours. L'air sent Noël, l'apaisement d'une cheminée,
le crépitement de la famille. La frénésie des gens déambulant
dans Les Galeries m'inspire Noël, m'inspire le froid, m'inspire le
bruit de la mer près de Cabourg enfin retrouvée, les mouettes
rieuses se moquant de nos silhouettes grises s'acheminant sur la
digue.
Grand-mère
tient ma main, l'enserre de sa paume gelée, de ses doigts qui ont
trop écrit, trop raconté, trop enseigné. De ses doigts qui
agrippent toute une vie et plusieurs générations. Cette main rendue
fragile par le temps, ridée par le contact de l'air salin. Je sens
grand-mère tourner sa tête vers mon ombre, une mèche de cheveux
gris lui balaie le front, sa capuche rouge lui protège le visage ;
elle sourit. Elle sourit. Elle est heureuse que nous nous
retrouvions, seules face à l'immensité infinie du sable et de la
mer mêlés. Nous rentrons, j'entends dores et déjà la radio
crépiter « Il est 16h00 bienvenue sur France Inter. ».
Comme un rituel nous réchaufferons nos mains en soufflant dessus.
Car
c'est à nous que le vent froid cisaillait les mains peu de temps avant.
Sinon, la vie, Paris. Une douce odeur de mauvais café, rassurante toutefois, des éclats de génie, de rire. Inattendues rencontres à la sauvette, d'un jour glacial passé les cheveux emmêlés dans les bottes ; d'un moment où la seule pensée qui fasse sens est celle que l'on est exactement à la bonne place, en retard pour rien, que l'on est exactement la personne que l'on se devait d'être. C'est splendide d'aller en terre inconnue pour rencontrer qui va là.
Sinon, la vie, Paris. Une douce odeur de mauvais café, rassurante toutefois, des éclats de génie, de rire. Inattendues rencontres à la sauvette, d'un jour glacial passé les cheveux emmêlés dans les bottes ; d'un moment où la seule pensée qui fasse sens est celle que l'on est exactement à la bonne place, en retard pour rien, que l'on est exactement la personne que l'on se devait d'être. C'est splendide d'aller en terre inconnue pour rencontrer qui va là.
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