13 mars 2014

"La souffrance de savoir que tu en as aimé un autre avant moi..."

Comme c'est douloureux de l'entendre refaire mon histoire comme cela, doucement, sans intention de nuire. S'il savait toute la peur que ces propos trainent avec eux, derrière moi, quelle marée noire de mélancolie s'achemine vers moi quand il me dit simplement "oui, tu donnes tout. tu es dans une telle dévotion de toi, sans cesse, avec moi, je suis touché". 
Cette phrase me fait l'effet d'une claque, d'un pincement long et continu qui laisse une douleur rougeaude sur la main. Voilà le cauchemar de ce que je suis, le don de soi. Je devrais savoir qu'il n'est pas accepté, pas correct, pas adulte, pas raisonnable de se donner de cette façon, sans compromis aux autres, sans exigence, presque pour le simple plaisir de se donner là, sur le seuil de la beauté, de la vie et de sa douleur lancinante. Je fixe l'étendue blanche de mon assiette, je baisse la tête, oui, me voilà honteuse d'être comme je suis, de si mal aimer, de si mal donner aux gens qui m'approchent, ceux qui restent. "Est-ce que tu penses que je ne peux plus rien t'apporter si je t'ai 'déjà tout donné' ?" Je n'aime pas quand tu me dis ça. J'ai peur. Peur de pleurer, d'être forte, de me braquer ou de me borner à rester moi. Je donne autant pour que l'on me donne aussi. Pourquoi les gens se refusent à moi? Evidemment, pourquoi donner lorsque quelqu'un vous donne tout sans oser exiger quoi que ce soit? Pourquoi rester au fond?

Je vais me retirer dans ma grotte, ah ma vieille grotte, je t'avais délaissée pour aller voir le monde de dehors, celui du soleil. Mais ici, même le soleil est froid. Je reviens vers toi, me terrer dans ma solitude littéraire. Je n'aime plus bronzer. Je n'aime plus cuire sous la chaleur du printemps et de l'été, je veux du vent frais, des frissons de fin de journée... Je l'aime mais lui, m'aime-t-il ? Aujourd'hui cela fait trois mois piles. 

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